Quand l'enfance régnait sur le monde

  Les pieds nus courraient sur l'herbe mouillée, chaque flaque était un océan à conquérir. Nos châteaux tenaient dans des branches nouées, et l'aventure n'attendait qu'un soupir. Le temps s'étirait comme un élastique d'or, les heures n'avaient pas de nom, pas de poids. On rentrait tard, les joues rouges encore, les poches pleines de cailloux et de joie. Pas de miroir pour juger nos visages, seulement le rire franc d'un camarade. La liberté n'avait pas besoin d'âge, elle vivait dans chaque cavalcade. Aujourd'hui le silence a pris leur place, ces jeux d'enfants qu'on ne reverra plus. Mais dans mon cœur, leur lumière tenace brûle encore, même quand tout est perdu. Didier Guy

Sous la peau du silence

La pluie court sur l'écorce, à pas lents,
ses doigts mouillés froissent le matin.
Un soupir tremble au creux du vent,
offert au sol comme un parchemin.

Le ciel s'effiloche dans les ramées,
chaque goutte enserre un battement.
Le tronc respire, blessure fermée,
portant la trace du dénouement.

Rien ne parle, tout écoute en secret :
Les pierres boivent, les racines s'étirent.
Un ver germe sous la mousse discrète,
et la sylve reprend son empire.

Didier Guy

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