Nuit Persistante

  Un souffle chaud traîne entre les draps défaits, reste d'un feu qui brûle encore sous la cendre. L'odeur de ta peau, ce musc qui jamais ne s'efface, colle à mes doigts, à ma bouche avide. Je revois l'ombre de tes hanches, lente danse où le temps perdait son nom, tes doigts qui creusaient des sillons dans mon dos, comme pour y graver l'urgence d'un corps qui se souvient. La chambre garde en elle le rire étouffé, le craquement du lit, ces silences lourds où tout se disait sans un mot, sans un son. Seuls nos souffles en désordre, nos peaux qui s'appelaient, nos bouches qui mentaient en promettant l'impossible. Et maintenant, l'absence est un poids, un fruit mûr qui éclate entre mes mains. Je cherche en vain la trace de tes lèvres, le goût du sel, la marque de tes dents, tout ce qui fut et qui n'est plus, sauf dans ce parfum qui me hante, ce parfum qui ment, qui dit "Reviens" Didier Guy

Feu partagé sous la pluie

 

Sous les porches humides je m'assois,
le souffle du froid glisse sur nos mains.
Autour du feu tremble un cercle étroit,
les visages rougis ne craignent plus rien.

Je tends vers toi un quignon de pain tiède,
tu me donnes un rire en retour.
Nos corps épuisés, nos poches vides cèdent
à la chaleur brute de ce séjour.

Les façades hautes gardent nos ombres,
la fumée grise grimpe vers les toits sombres.
Tout ce que la ville nous refuse
devient richesse quand tu refuses de fuir.

Ici, la fraternité a couleur ocre,
et le craquement du bois nous suffit à tenir.

Didier Guy

  

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