Nuit Persistante

  Un souffle chaud traîne entre les draps défaits, reste d'un feu qui brûle encore sous la cendre. L'odeur de ta peau, ce musc qui jamais ne s'efface, colle à mes doigts, à ma bouche avide. Je revois l'ombre de tes hanches, lente danse où le temps perdait son nom, tes doigts qui creusaient des sillons dans mon dos, comme pour y graver l'urgence d'un corps qui se souvient. La chambre garde en elle le rire étouffé, le craquement du lit, ces silences lourds où tout se disait sans un mot, sans un son. Seuls nos souffles en désordre, nos peaux qui s'appelaient, nos bouches qui mentaient en promettant l'impossible. Et maintenant, l'absence est un poids, un fruit mûr qui éclate entre mes mains. Je cherche en vain la trace de tes lèvres, le goût du sel, la marque de tes dents, tout ce qui fut et qui n'est plus, sauf dans ce parfum qui me hante, ce parfum qui ment, qui dit "Reviens" Didier Guy

La pierre qui pleure

 

Sous mes doigts, la roche se fissure,
elle garde le sel des anciens jours.
J'y lis la fatigue des morsures,
des vents, du froid, de trop d'amours.

Je suis cet homme que la pierre écoute,
usé par les heures, taillé par la peur.
Chaque larme trace sa propre route,
gravant sur ma peau sa douleur.

Et dans ce cri que personne ne réclame,
je trouve la paix, brute et lente,
comme un feu qui dort dans la flamme,
et se consume sans attente.

Didier Guy

  

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