L'étable des commencements

  Dans la paille qui crépite sous le poids des genoux, un enfant respire, fragile lumière du monde. Les bergers ont quitté leurs troupeaux pour ce rendez-vous, où l'humanité tremblante vers le ciel se confond. Les étoiles ce soir ne sont plus seulement belles, elles tracent des routes que personne ne connaît, vers ce lieu humble où brûle une flamme éternelle, où l'espoir prend chair dans un cri qui vient de naître. Les bêtes se taisent, témoins de l'instant sacré, leurs souffles mêlés à celui du nouveau-né. Un homme debout veille, les mains encore tremblantes, une femme sourit malgré la fatigue pesante. Et moi, berger parmi d'autres, je sens mon cœur se fendre : Devant tant de faiblesse habite une force immense. La paille devient or quand l'amour y vient descendre, quand le miracle simple traverse notre absence. Nous sommes là, genoux ployés, âmes offertes, devant cette promesse née dans le dénuement. L'étable sent la vie, la sueur et la terre, mais aussi qu...

La Pierre Qui Pleure

 

Mes larmes creusent des canyons,
sculptent la pierre sans bruit ni pardon.
La diaphanéité grise d'une roche qui attend,
translucide comme un cœur transparent.

Je suis bloc figé dans le temps,
masse inerte aux émotions pesantes.
Chaque goutte grave son sillon,
érode ma force, mon abandon.

Le sel se cristallise en surface,
dessine des veines, des traces tenaces.
Combien d'années pour fendre la pierre ?
Combien de sanglots pour qu'elle se perde ?

Je demeure, minéral solitaire,
attendant qu'un regard me libère.
Mais seul le silence répond encore,
dans ce canyon ou je dors. 

Didier Guy
  

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