L'Autre Rive

 

Derrière l'écran, un monde se déploie,
où chaque geste est lumière, chaque pas un choix.
Les murs s'effacent, la nuit se déploie,
et l'on marche, sans corps, sous un ciel si froid.

Les doigts frôlent l'invisible, tracent des destins,
des villes naissent, des forêts, des jardins.
Le temps s’étire, se plie, se fait complice,
de nos silences, de nos cri, de nos délires complices.

Plus de limites, plus de peaux, plus de lois,
seulement l'éclair d'un rêve qui s'effiloque. 
On y guérit ses peurs, on y tisse des voix,
on y oublie le poids d'une vie qui s'étouffe.

Mais quand le casque tombe, que reste-t-il ?
Un souffle court, un cœur qui bat trop vite,
l'ombre d'un rire, l'écho d'un exil,
et ce goût de cendre après l'infini.

Là-bas, les autres sont ombres ou reflets,
des visages lissés par des algorithmes parfaits.
On s'y aime sans chair, on s'y parle sans regrets,
jusqu'à confondre l'aube avec la nuit des projets.

Demain, peut-être, plus de frontières,
plus de corps, plus de terre, plus de prières.
Seulement l'éclat d'un monde en miettes,
où l'homme, enfin, ne sera plus qu'un poète.

Didier Guy 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Sous la peau du silence

L' Encre Vive

L'oubli en 4G