L'étable des commencements

  Dans la paille qui crépite sous le poids des genoux, un enfant respire, fragile lumière du monde. Les bergers ont quitté leurs troupeaux pour ce rendez-vous, où l'humanité tremblante vers le ciel se confond. Les étoiles ce soir ne sont plus seulement belles, elles tracent des routes que personne ne connaît, vers ce lieu humble où brûle une flamme éternelle, où l'espoir prend chair dans un cri qui vient de naître. Les bêtes se taisent, témoins de l'instant sacré, leurs souffles mêlés à celui du nouveau-né. Un homme debout veille, les mains encore tremblantes, une femme sourit malgré la fatigue pesante. Et moi, berger parmi d'autres, je sens mon cœur se fendre : Devant tant de faiblesse habite une force immense. La paille devient or quand l'amour y vient descendre, quand le miracle simple traverse notre absence. Nous sommes là, genoux ployés, âmes offertes, devant cette promesse née dans le dénuement. L'étable sent la vie, la sueur et la terre, mais aussi qu...

Le Coureur et l'Ombre

 

Le vent porte la foulée ardente,
un souffle vif sur les pavés neufs. L'élan triomphe.
Pourtant, sous l'horizon, une ombre patiente
dessine, du doigt, les sentiers autrefois rêvés.

Je cours vers l'aube, muscles bandés,
chaque foulée arrache un cri au bitume.
La victoire brille, ses promesses salées
m'aveuglent, j'oublie que tout se consume.

Mais derrière, elle attend, silhouette fidèle,
cette part de moi qui traîne les pieds.
Elle connaît les routes que je n'ai plus qu'elle,
les rêves perdus dans ma course effrénée.

Faut-il ralentir pour l'entendre ?
Ou fuir jusqu'à ce que mon corps plie ?
Entre l'homme qui fonce et celui qui veut comprendre,
le crépuscule seul tranche, sans répit.

Didier Guy
  

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