feuilles-oracles aux veines desséchées,
chaque chute un poème sans ponctuation
que le vent déchiffre à l'envers.
Rougeoiement dernier, éclaboussure d'ambre,
elles crissent sous les pas indifférents,
froissures d'un été trop lourd à porter,
l'arbre les renie en silence.
Où vont-elles, ces éclats de rouille,
sinon au lit froid des ruisseaux noirs ?
Leur agonie a la douceur d'un leurre,
car personne ne compte les morts saisonnières.
Pourtant, regarde : ce tournoiement las
est un ballet de mémoire pure,
chaque vrille un adieu calculé,
chaque atterrissage un début.
Le sol les boit comme un vin aigre,
les transforme en phrases mudées.
L'hiver viendra, brodeur patient,
coudre de blanc ces cicatrices.
Demain, d'autres naîtront identiques,
vertes et sûres de leur printemps.
Aujourd'hui, laisser-les choir,
ces martyrs en papier doré,
Didier Guy
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