Illusions du Marché

  Dans les vitrines, des promesses scintillent, des rêves en carton, façonnés pour plaire. L'éclat du rouge, comme un cri qui s'agite, masque les douleurs que le cœur ne sait taire. Achète ta joie, mais à quel prix, dis-moi ? Les sourires vendus, goûts amers de l'absence, une lueur trompeuse, un reflet de choix, des ombres dansent, mènent à la décadence. Les rêves sont des pièces, échangées pour rien, les mots sont des chaînes, ligotant notre être. L'illusion d'un monde, un festin sans lendemain, le désir se fane, mais l'appétit s'apprête. Didier Guy

Chute en Octobre

Elles tombent en spirales désarticulées,
feuilles-oracles aux veines desséchées,
chaque chute un poème sans ponctuation
que le vent déchiffre à l'envers.

Rougeoiement dernier, éclaboussure d'ambre,
elles crissent sous les pas indifférents,
froissures d'un été trop lourd à porter,
l'arbre les renie en silence.

Où vont-elles, ces éclats de rouille,
sinon au lit froid des ruisseaux noirs ?
Leur agonie a la douceur d'un leurre,
car personne ne compte les morts saisonnières.

Pourtant, regarde : ce tournoiement las
est un ballet de mémoire pure,
chaque vrille un adieu calculé,
chaque atterrissage un début.

Le sol les boit comme un vin aigre,
les transforme en phrases mudées.
L'hiver viendra, brodeur patient,
coudre de blanc ces cicatrices.

Demain, d'autres naîtront identiques,
vertes et sûres de leur printemps.
Aujourd'hui, laisser-les choir,
ces martyrs en papier doré,

Didier Guy

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