sont les miroirs cruels où l'âme se dénude,
le ciel s'y décompose en une longue chute
et chaque vérité dans leur sein fait défaut.
Je contemple, abîmé, mon spectre vacillant
que l'onde corrompue a réduit en fumée;
Mes yeux sont deux néants, gouffres d'obscurité,
ma bouche, un soupirail où le spleen s'engouffra.
L'arbre, ce faux témoin qui déforme le jour,
se drape dans l'orgueil d'un reflet glorieux,
tandis que mon image, en lambeaux corrodés,
s'enfonce lentement dans la fange du monde.
Un rayon transperce cette triste imposture,
révélant du décor l'envers plus véridique:
La soif du sol obscure qui dévore les preuves,
les oiseaux, ces bourreaux, emportant nos aveux.
Dans ces prétoires nus sous la voûte du temps,
chaque sentence est une mort anticipée,
on y condamne la splendeur à se flétrir,
les contours à sombrer dans le néant vorace.
Quand le soleil, ce juge aux sentence de feu,
dissipe ces fragments de glace réfléchie,
il ne reste qu'humide et stérile pensée,
et le vague tourment d'un songe évanoui.
Mais sous le noir pavé de nos rues citadines
dort le secret trésor de ces procès perdus;
La terre garde en elle nos visages noyés,
quand la ville, indifférente, a tout effacé.
Didier Guy
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