Illusions du Marché

  Dans les vitrines, des promesses scintillent, des rêves en carton, façonnés pour plaire. L'éclat du rouge, comme un cri qui s'agite, masque les douleurs que le cœur ne sait taire. Achète ta joie, mais à quel prix, dis-moi ? Les sourires vendus, goûts amers de l'absence, une lueur trompeuse, un reflet de choix, des ombres dansent, mènent à la décadence. Les rêves sont des pièces, échangées pour rien, les mots sont des chaînes, ligotant notre être. L'illusion d'un monde, un festin sans lendemain, le désir se fane, mais l'appétit s'apprête. Didier Guy

Crépuscule à l'envers

La nuit se déchire à l'est, lent suaire,
et le jour pointe ses doigts incertains
comme un voleur qui hésite à prendre
ce qui déjà lui glisse entre les mains.

La rosée, perles d'un collier fragile,
s'accroche aux herbes en frissons,
reflets brisés d'étoiles mortes
qui refusent de quitter le champs.

Nous guettons, avides de miracles,
cette lente agonie des ténèbres,
croyant y voir une naissance
alors que c'est le même sang

Chaque rayon est un mensonge doré,
chaque lueur une vielle blessure,
le ciel se pare de fards subtils
pour cacher ses rides bleutées.

L'horizon boit la lumière en cachette,
la digère en ombres allongées,
tandis que nous, éphémères stupides,
y cherchons des présages.

Regarde comme tout est identique :
Les arbres gardent leur posture de deuil,
les pierres leur indifférences millénaire,
seul change l'angle de la lumière.

Et pourtant, nous tendons les bras,
comme si cette aube-ci, enfin,
porterait autre chose que l'habituel
adieu déguisé en bonjour.

Didier Guy

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