Illusions du Marché

  Dans les vitrines, des promesses scintillent, des rêves en carton, façonnés pour plaire. L'éclat du rouge, comme un cri qui s'agite, masque les douleurs que le cœur ne sait taire. Achète ta joie, mais à quel prix, dis-moi ? Les sourires vendus, goûts amers de l'absence, une lueur trompeuse, un reflet de choix, des ombres dansent, mènent à la décadence. Les rêves sont des pièces, échangées pour rien, les mots sont des chaînes, ligotant notre être. L'illusion d'un monde, un festin sans lendemain, le désir se fane, mais l'appétit s'apprête. Didier Guy

L'église des vertiges

L'aube fracasse les vitraux d'une lumière obscène,
cathédrale éventrée où pourrissent les prières !
Les cloches ont des langues de bronze atrophiées
et leur voix métallique s'étrangle dans l'air athée.

La cire des faux martyrs dégouline en sueurs froides,
les saints de pierre bâillent sous leurs masques fendus.
Le Christ décharné pivote dans un rayon de poussière,
Messie abandonné que les nouveaux dieux ont mordu.

Ô temples désertés ! Squelettes d'éternité !
Les cantiques se sont noyés dans l'alcool du siècle,
Le miracle est tombé comme un fruit trop mûr
dans ce jardin d'asphalte où règnent les marchands.

Les tombeaux sont des coffres-forts sous les fleurs sauvages,
gardiens ironiques d'une sagesse évaporée.
La promesse céleste flotte comme un cadavre
sur les eaux troubles où nos âmes sont assoiffées.

Les arcs millénaires, géants d'un cirque défunt,
portent le poids ridicule de nos rituels fantômes.
Qui percera ce mur entre l'homme et l'absolu ?
Quand les clés ont fondu dans le creuset du doute ?

La grâce s'est enfuie comme un voleur de nuit,
l'extase n'est qu'un opium pour âmes délabrées.
Dans ce hangar à prières, au buffet des songes,
l'infini se marchande contre quelques sanglots.

Didier Guy

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