Illusions du Marché

  Dans les vitrines, des promesses scintillent, des rêves en carton, façonnés pour plaire. L'éclat du rouge, comme un cri qui s'agite, masque les douleurs que le cœur ne sait taire. Achète ta joie, mais à quel prix, dis-moi ? Les sourires vendus, goûts amers de l'absence, une lueur trompeuse, un reflet de choix, des ombres dansent, mènent à la décadence. Les rêves sont des pièces, échangées pour rien, les mots sont des chaînes, ligotant notre être. L'illusion d'un monde, un festin sans lendemain, le désir se fane, mais l'appétit s'apprête. Didier Guy

Les Verrières du Matin

Un récipient tiède, orphelin sur la table,
l'arôme voltige, hébété, comme un spectre sans crypte,
et déjà, la peau d'un autre,
frôle les spirales de l'instant
avec la brutalité douce d'un orage sous verre.

Le dehors s'ébrouait en fariboles sonores,
eux, des torches scellées dans le silence,
leurs prunelles : tunnels de braise,
des mines où les certitudes
se fissuraient sans tambour.

Elle, bouche arquée d'un mot jamais dit,
lui, naufrageant son breuvage
le sucre échappé, comme un sablier d'oubli,
tandis que son esprit s'empalait
sur l'arche clandestine d'une lèvre non conquise.

Pas de nom. Pas d'âge.
Pas de litanie partagée,
seulement cette morsure blanche
du cela qui ne s'écrit pas
et griffe pourtant la pulpe du cœur.

Ils s'extirpèrent du lieu
comme deux âmes échappées d'une fêlure,
le souffle marqué
par un geste avorté
qu'aucune horloge ne rattrape.

Et la grande mécanique,
cet animal aux rouages d'acier,
continuait son cirque,
ignorant que l'univers avait flanché
sous un doigt de feu,
dans l'oubli d'un matin.

Didier Guy

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