Dans l'ombre des pages tournées lentement,
je vois naître des mondes qui n'existent pas,
pourtant ils saignent, ils pleurent, ils mentent
comme si l'encre avait forgé des cœurs battants.
Les chimères dansent sous mes paupières closes,
fantômes de papier qui forgent ma vision,
du réel qui s'efface quand la fiction s'impose,
et grave dans ma chair sa douce obsession.
Ces fragments d'âmes que j'emprunte aux récits
deviennent miens dans un étrange transfert,
la frontière s'estompe, mes larmes sont vraies
pour des couleurs composées de mots seuls.
Je m'approprie les destins des ombres,
leurs émotions sculptent mon regard,
leur absence me hante, profonde et sombre,
quand je retourne au monde fatigué du soir.
Ces histoires inventées sont mes lentilles,
à travers elles, le monde change de teinte.
Didier Guy
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire