Le Vocabulaire des Pierres Creuses

  La roche défait son squelette de mémoire, chaque grain se détache comme un verbe qu'on efface, le calcaire ne charrie plus rien qu'un arrière-goût de soufre dans sa grimace. Je regarde s'effriter ces syllabes sans poids qui composent jadis des récits dans l'eau, aujourd'hui le minéral se fige sous mes doigts, lisse de tous les mythes qu'il perd comme un fardeau. La pluie est cette correctrice patiente qui décline l'absence au future antérieur, les strates récitent leur propre descente dans un argot de roc devenu intérieur. La grève se jonche d'une syntaxe indéchiffrable, grise comme la cendre des archives noyées, j'y traque un indice, quelque chose de palpable, mais la marée dissout même ce que le temps a ployé La pierre a tout perdu de son vocabulaire, il ne subsiste qu'un galet aveugle et rond, seul sous un ciel sans grammaire Didier Guy

Chanson de la route paisible

Dans les blés dorés qui frissonnent là-bas,

un sentier se perd, tout timide et las.

Une bicyclette, messagère du jour,

emporte des fleurs dans son tendre atour.


Pâquerettes frêles, blanches comme un songe,

se mêlent aux bleus où la lumière plonge.

Le soleil caresse l'herbe qui palpite,

et l'air tout entier de parfums s'invite.


Nulle urgence ici, le temps se fait doux,

seule la campagne parle entre nous.

Rouler sans contrainte, le cœur apaisé,

dans ce monde tendre où l'âme peut errer.


Le chemin serpente vers l'azur lointain,

promesse de calme au creux du matin.

Un répit béni, un souffle de grâce,

volé au présent, gardé dans l'espace.


Didier Guy  

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Sous la peau du silence

L' Encre Vive

L'oubli en 4G