La Flamme du Foyer

  Le calendrier avance, et décembre revient, portant sur ses épaules le froid d'une année. La route que je connais me serre comme un étau, chaque pierre, chaque virage, chaque détour. Trois mois j'ai fait ce trajet, matin et soir, l'angoisse au ventre, le cœur en bataille. Aujourd'hui encore, mes mains tremblent sur le volant, et cette boule remonte, fidèle compagne. Ils me disent d'aller là-bas, sous la terre gelée, mais je refuse ce lieu où tu n'es plus vraiment. Je préfère allumer une bougie ici, chez nous, où ta présence habite encore les murs silencieux. Les fêtes approchent comme une sentence, avec leurs lumières qui ne réchauffent rien. Je travaillerai pour oublier les heures vides, jusqu'à ce que janvier nous libère enfin. Mais des mains se tendent, et je les reconnais, celles qui t'ont connu avant que je n'arrive. Leur message vient creuser un sillon dans ma poitrine, un réconfort douloureux qui dit : tu n'est pas seule. Alors j'a...

Le Vocabulaire des Pierres Creuses

 

La roche défait son squelette de mémoire,
chaque grain se détache comme un verbe qu'on efface,
le calcaire ne charrie plus rien
qu'un arrière-goût de soufre dans sa grimace.

Je regarde s'effriter ces syllabes sans poids
qui composent jadis des récits dans l'eau,
aujourd'hui le minéral se fige sous mes doigts,
lisse de tous les mythes qu'il perd comme un fardeau.

La pluie est cette correctrice patiente
qui décline l'absence au future antérieur,
les strates récitent leur propre descente
dans un argot de roc devenu intérieur.

La grève se jonche d'une syntaxe indéchiffrable,
grise comme la cendre des archives noyées,
j'y traque un indice, quelque chose de palpable,
mais la marée dissout même ce que le temps a ployé

La pierre a tout perdu de son vocabulaire,
il ne subsiste qu'un galet aveugle et rond,
seul sous un ciel sans grammaire

Didier Guy

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