Le poids du jaune

  Le monde penche depuis que tu es partie, un axe brisé que nul compas ne retient. Le jaune n'est plus lumière, il est métal, âcre sur la langue, brûlant dans la gorge. Je marche dans des rues que je ne reconnais plus, où chaque angle semble faussé d'un degré, où les ombres tombent à contresens du soleil, comme si la gravité elle-même doutait. Tu as emporté l'aplomb des choses simples : Le café du matin, l'équilibre des heures, ce fil invisible qui maintenait debout les jours ordinaires et leurs gestes tranquilles. Maintenant tout vacille. Le jaune envahit, couleur de l'absence, teinte du vertige, goût ferreux qui persiste au fond du palais, trace indélébile de ton départ brutal. Je cherche un point fixe dans ce monde oblique, mais tu étais ce centre, cet axe perdu. reste ce basculement, cette inclinaison sourde, et le jaune métallique qui ne s'efface pas. Didier Guy

Les Yeux de la Tour

 

Les lumières, clouées au flanc de la pierre,
observent sans cligner, sans un frémissement.
Là-bas, les toits boivent la dernière lumière,
et le jour s'accroche en un dernier serment.

Ici, le luxe s'efface, la suie le remplace,
un vent lourd de fatigue traîne dans les couloirs.
Le silence n'est pas paix, c'est l'hiver qui s'avance,
un froid qui ronge l'ombre et glace les espoirs.

Une vapeur s'échappe, souffle d'un monde las,
où le béton étouffe et où la peine veille.
On dirait qu'un géant, sous ses pas, nous écrase,
et que la nuit n'est plus qu'une lente oreille.

Didier Guy

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