Les Noms des Flocons

  Le givre dessine à petits pas sur la vitre un alphabet de froid. Décembre compte ses soldats, chaque étoile est un doigt qui pointe. La neige tombe, lente et lourde, comme un souffle venu d'hier. Elle murmurait, non, elle sourde, les mots gelés d'un dernier hiver. On reconnaissait leurs silhouettes dans le blanc qui efface tout. Les rires, les pas, les promesses, sont devenus des trous de loup. Pourtant, ce soir, sous la clarté d'une lune en papier d'argent, je crois voir, dans l'obscurité, leurs noms écrits en tremblant. Didier Guy

Quais de brume et l'absence

 

Les bancs gardent la trace des corps fatigués,
le bois garde mémoire des attentes immobiles.
Autrefois, on comptait les wagons alignés,
chaque retard creusait des heures difficiles.

Le charbon dessinait des ombres sur les murs,
le jambon-beurre tenait lieu de réconfort.
On scrutait l'horizon, le cœur plein d'aventure,
guettant celui qui reviendrait du nord.

Les haut-parleurs crachaient des mots déformés,
personne ne comprenait, mais tous écoutaient.
Les adieux s'accrochaient aux promesses données,
"À bientôt" résonnait comme un serment.

Aujourd'hui, les voyageurs filent droit devant,
pressés, les yeux rivés sur leurs écrans lumineux. 
Plus personne ne cherche un visage dans le vent,
plus personne n'attend l'amour ou l'adieu.

Les gares sont devenues des couloirs sans âme,
où le temps se mesure en secondes volées.
Qui se souvient encore de ces longues trames,
quand attendre quelqu'un était une vérité.

Didier Guy

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