Le Vocabulaire des Pierres Creuses

  La roche défait son squelette de mémoire, chaque grain se détache comme un verbe qu'on efface, le calcaire ne charrie plus rien qu'un arrière-goût de soufre dans sa grimace. Je regarde s'effriter ces syllabes sans poids qui composent jadis des récits dans l'eau, aujourd'hui le minéral se fige sous mes doigts, lisse de tous les mythes qu'il perd comme un fardeau. La pluie est cette correctrice patiente qui décline l'absence au future antérieur, les strates récitent leur propre descente dans un argot de roc devenu intérieur. La grève se jonche d'une syntaxe indéchiffrable, grise comme la cendre des archives noyées, j'y traque un indice, quelque chose de palpable, mais la marée dissout même ce que le temps a ployé La pierre a tout perdu de son vocabulaire, il ne subsiste qu'un galet aveugle et rond, seul sous un ciel sans grammaire Didier Guy

Béatitude Rubis

 

Je marche sur le fil où le monde se penche
La joie brûle mes mains comme un fer incandescent
Je porte cette pierre rouge contre mes côtes blanches
Sachant qu'elle tombera dans un souffle de vent

Je construit mes maisons avec du bois qui craque
Mes fondations reposent sur la mer qui bouge
Je taille dans le roc mais j'y laisse des plaques
Où la faille se creuse sous l'éclat du rouge

Chaque instant de bonheur porte ses cicatrices
Je connais le vertige avant même de monter
La béatitude coule entre mes doigts comme du sable ou de la rouille
Et je l'accueille encore sachant qu'elle va me quitter

Didier Guy

Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

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