La Flamme du Foyer

  Le calendrier avance, et décembre revient, portant sur ses épaules le froid d'une année. La route que je connais me serre comme un étau, chaque pierre, chaque virage, chaque détour. Trois mois j'ai fait ce trajet, matin et soir, l'angoisse au ventre, le cœur en bataille. Aujourd'hui encore, mes mains tremblent sur le volant, et cette boule remonte, fidèle compagne. Ils me disent d'aller là-bas, sous la terre gelée, mais je refuse ce lieu où tu n'es plus vraiment. Je préfère allumer une bougie ici, chez nous, où ta présence habite encore les murs silencieux. Les fêtes approchent comme une sentence, avec leurs lumières qui ne réchauffent rien. Je travaillerai pour oublier les heures vides, jusqu'à ce que janvier nous libère enfin. Mais des mains se tendent, et je les reconnais, celles qui t'ont connu avant que je n'arrive. Leur message vient creuser un sillon dans ma poitrine, un réconfort douloureux qui dit : tu n'est pas seule. Alors j'a...

Spectre sonore d'un soir de novembre

 

Ta voix glisse comme un saxophone blessé,
chaque syllabe porte un goût de gin glacé.
Les phrases dansent, bleu nuit sur ma peau,
vibrations graves qui creusent sous ma peau.

Je vois tes mots, non, je les bois,
liqueur amère aux reflets de soie.
Ils sonnent froid mais brûlent dedans,
comme un accord mineur qui prend son temps.

Le silence après toi a des arêtes,
un vide tangible, une absence concrète.
Tes consonnes ont le poids du cuivre,
tes voyelles, l'âge d'un vieux livre.

Je cherche à toucher ce que j'entends,
à saisir l'indigo de ton instant.
Mais tu n'es qu'une fréquence errante,
un spectre sonore, une ombre chantante.

Didier Guy

Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

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