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Affichage des articles du décembre, 2025

La Flamme du Foyer

  Le calendrier avance, et décembre revient, portant sur ses épaules le froid d'une année. La route que je connais me serre comme un étau, chaque pierre, chaque virage, chaque détour. Trois mois j'ai fait ce trajet, matin et soir, l'angoisse au ventre, le cœur en bataille. Aujourd'hui encore, mes mains tremblent sur le volant, et cette boule remonte, fidèle compagne. Ils me disent d'aller là-bas, sous la terre gelée, mais je refuse ce lieu où tu n'es plus vraiment. Je préfère allumer une bougie ici, chez nous, où ta présence habite encore les murs silencieux. Les fêtes approchent comme une sentence, avec leurs lumières qui ne réchauffent rien. Je travaillerai pour oublier les heures vides, jusqu'à ce que janvier nous libère enfin. Mais des mains se tendent, et je les reconnais, celles qui t'ont connu avant que je n'arrive. Leur message vient creuser un sillon dans ma poitrine, un réconfort douloureux qui dit : tu n'est pas seule. Alors j'a...

La Flamme du Foyer

  Le calendrier avance, et décembre revient, portant sur ses épaules le froid d'une année. La route que je connais me serre comme un étau, chaque pierre, chaque virage, chaque détour. Trois mois j'ai fait ce trajet, matin et soir, l'angoisse au ventre, le cœur en bataille. Aujourd'hui encore, mes mains tremblent sur le volant, et cette boule remonte, fidèle compagne. Ils me disent d'aller là-bas, sous la terre gelée, mais je refuse ce lieu où tu n'es plus vraiment. Je préfère allumer une bougie ici, chez nous, où ta présence habite encore les murs silencieux. Les fêtes approchent comme une sentence, avec leurs lumières qui ne réchauffent rien. Je travaillerai pour oublier les heures vides, jusqu'à ce que janvier nous libère enfin. Mais des mains se tendent, et je les reconnais, celles qui t'ont connu avant que je n'arrive. Leur message vient creuser un sillon dans ma poitrine, un réconfort douloureux qui dit : tu n'est pas seule. Alors j'a...

Le Vocabulaire des Pierres Creuses

  La roche défait son squelette de mémoire, chaque grain se détache comme un verbe qu'on efface, le calcaire ne charrie plus rien qu'un arrière-goût de soufre dans sa grimace. Je regarde s'effriter ces syllabes sans poids qui composent jadis des récits dans l'eau, aujourd'hui le minéral se fige sous mes doigts, lisse de tous les mythes qu'il perd comme un fardeau. La pluie est cette correctrice patiente qui décline l'absence au future antérieur, les strates récitent leur propre descente dans un argot de roc devenu intérieur. La grève se jonche d'une syntaxe indéchiffrable, grise comme la cendre des archives noyées, j'y traque un indice, quelque chose de palpable, mais la marée dissout même ce que le temps a ployé La pierre a tout perdu de son vocabulaire, il ne subsiste qu'un galet aveugle et rond, seul sous un ciel sans grammaire Didier Guy

Spectre sonore d'un soir de novembre

  Ta voix glisse comme un saxophone blessé, chaque syllabe porte un goût de gin glacé. Les phrases dansent, bleu nuit sur ma peau, vibrations graves qui creusent sous ma peau. Je vois tes mots, non, je les bois, liqueur amère aux reflets de soie. Ils sonnent froid mais brûlent dedans, comme un accord mineur qui prend son temps. Le silence après toi a des arêtes, un vide tangible, une absence concrète. Tes consonnes ont le poids du cuivre, tes voyelles, l'âge d'un vieux livre. Je cherche à toucher ce que j'entends, à saisir l'indigo de ton instant. Mais tu n'es qu'une fréquence errante, un spectre sonore, une ombre chantante. Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

Le Like Divin

  Dieu scroll son fil d'actualité céleste, entre deux nuages et un ange qui reste. Il tombe sur ma bourde, mon loupé magistral, et clique : "J'aime", sacré coup du sort pastoral ! Une pantomime rose, grotesque ballet, danse sur l'écran de mon destin raté. Les gestes sans paroles, ce cirque muet, cache l'énigme absurde où je me suis fourvoyé. Mais pourquoi rose ? » me dis-je, perplexe, En sirotant mon café, scrutant mes annexes. Peut-être que là-haut, on aime la douceur, De cette teinte bonbon sur mes erreurs en chœur. Le tout-Puissant commente : MDR, bien joué ! Moi, simple mortel au karma cabossé, je réponds : Merci Chef, mais franchement, ton sens de l'humour... c'est vraiment déroutant ! Alors je continue, clown de ma propre vie, sous le regard hilare de cette divinité. Car si Dieu rit de mes bêtises notoires, autant en faire un spectacle, quelle gloire ! Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

La Pierre et la Marée

  Je bâtis mes murs de pierre et de silence, la mer ronge le bois, le fer rouille en pleurant. Chaque cicatrice est un jour en balance, l'horloge s'est tue, le temps n'est plus qu'un champ. Je compte les vagues, les planches qui craquent, le sel dessine en moi des cartes sans retour. La chronophobie est ce feu qui m'attache, un passé lourd comme un ancrage au jour. Je sculpte l'absence avec des mains de cendre, le vent emporte un nom gravé dans le granit. Ce qui fut solide n'est plus qu'un calepin, où le temps écrit son dernier chapitre tendre. Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

Phytogénèse

  Des forêts naissent où respirait l'homme, racines nouées aux alvéoles froides, la chlorophylle remplace le chrome de ce sang ancien qui lentement se vide. Mes bronches portent des lianes secrètes, chaque inspiration nourrit leur verdure, je deviens l'arbre aux branches discrètes, prisonnier consentant de ma propre nature. La sève monte où coulait le désir, émeraude et lente, elle envahit mes veines, je sens le bois durcir, sans frémir, transformation douce qui devient ma peine. Quelle étrange greffe m'a-t-on imposée ? Quel jardinier invisible orchestre ma mue ? Je suis devenu forêt déposée dans cette cage thoracique diminuée. Mon cœur bat comme un tronc qui craque, mes pensées s'enracinent dans la tourbe, je m'abandonne à cette attaque végétale qui lentement me courbe. Didier Guy

Les Vitrines Vides

  Je marche entre les devantures chromées Où la cupidité brille sous les néons On me vend des promesses emballées Dans du cellophane qui colle aux poumons J'ai payé mes désirs en monnaie sonnante Le plastique a remplacé le pain Les écrans illuminent ma vie absente Pendant que je fouille mes poches en vain Elle m'appelait depuis l'affiche ocre Cette vie qu'on achète à crédit Mais au fond du panier, goût d'encre Les rêves ont un prix que je subis Didier Guy

Béatitude Rubis

  Je marche sur le fil où le monde se penche La joie brûle mes mains comme un fer incandescent Je porte cette pierre rouge contre mes côtes blanches Sachant qu'elle tombera dans un souffle de vent Je construit mes maisons avec du bois qui craque Mes fondations reposent sur la mer qui bouge Je taille dans le roc mais j'y laisse des plaques Où la faille se creuse sous l'éclat du rouge Chaque instant de bonheur porte ses cicatrices Je connais le vertige avant même de monter La béatitude coule entre mes doigts comme du sable ou de la rouille Et je l'accueille encore sachant qu'elle va me quitter Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

Signal Dans la Veine

  L'appareil tremble entre mes doigts, froid, un sang bleu-vert bat sous son verre. Un appel muet, un discret droit qu'on lui refusa naguère. Il clignote, ce cœur de silicium, d'une pulsation amère et lasse. Un silence devient manifeste, au fond du courant qui nous bascule. C'est un refus en langue de lumière, un point d'aiguille dans la pulpe du jour. Cette révolte, douce et ferme, n'aura ni drapeau ni tambour. Seule persiste, dans la main qui se vide, cette lueur qui dit non, sans un cri, au grand flux muet, au vide liquide où tout doit consentir, et s'étourdir. Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

Quand les heures dansent hors du temps

  Quand minuit sonne l'heure de ma journée Et que l'aube me trouve encore à l'ouvrage Mon horloge intérieure s'est égarée Entre les fuseaux de ce monde sans âge Les dîners familiaux sont devenus lointains Mes proches brunches quand je ferme les paupières Je navigue seul sur des chemins incertains Cherchant la lumière dans ma nuit singulière Pourtant je trace des frontières salutaires Entre ce labeur qui dévore mes heures Et ces instants précieux que je dois préserver Pour que survive en moi l'homme au cœur ailleurs La communication devient mon phare fidèle J'informe mes proches de mes absences étranges Je cultive des routines essentielles Comme on plante un jardin contre le vent qui change Dans ce chaos moderne je trouve mon équilibre Entre la discipline et les pauses nécessaires Mon bien-être n'est pas négociable ni libre C'est le socle qui garde mon âme de la misère Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

La pièce lancée

  Le feu clignote, rouge sang sur l'asphalte, et lui s'avance, corps penché vers l'avant. Sa main tendue fend la nuit qui s'exalte, cherchant l'offrande d'un regard bienveillant. La pièce tombe, cet instant cristallisé, un arc de métal sous les lampadaires blêmes, le son résonne, petit choc isolé, dans la main sale, un espoir qui tremble. Deux mondes se frôlent sans jamais se joindre, le temps d'un geste, d'un échange muet, la ville respire, indifférente et dure, tandis que le feu passe au vert, puis s'est tu. Il repart, courbé sous le poids des années, serrant cette once de métal contre lui. L' hiatus s'efface entre deux destinées, le bruit de la pièce, seul témoin de la nuit. Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

La lente insurrection

  Les tiges avancent sans bruit sur le béton, griffes patientes qui creusent le mortier. Elles montent, s'enroulent, dévorent l'horizon des façades où nul homme ne vient habiter. Le panneau rouillé ploie sous leur assaut, lettres effacées par la sève obstinée. La ville recule devant ce qui fut beau, verdure sauvage aux droits reconquis. Chaque feuille est un cri de liberté, chaque racine, un défi au goudron. L'asphalte se fend, blessé, écartelé, la nature reprend ce qu'on lui a volé. Je passe et contemple ce combat silencieux, où le vivant triomphe des ruines mortes. Les murs d'oubli deviennent jardins radieux, et le lierre écrit l'histoire sur leurs portes. Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

Le fil et la poussière

  La route est tracée, droite et nue, le vent rit de nos pas comptés. Pourquoi serrer l'épée qui fuit, quand l'or du soir est déjà brûlé ? Nous glissons sur un fil de soie, léger, tendu vers l'invisible. La poussière attend, patiente et froide, mais nos rires sont encore visibles. Demain se tait, hier s'efface, reste ce pas, léger, obstiné. Dansons, avant que le jour se casse, avant que le jour soit donné. Didier Guy Die deutsche Übersetzung des Gedichts ist hier verfügbar.

Le sel de ma géologie intérieure

  Mon sang charrie des sédiments, chaque battement corrode la pierre. Je suis ce minéral vivant qui pleure des oxydes amers. Mes larmes sculptent des vallées dans le grès de mes certitudes, le cuivre affleure, dévoilé, sous la peau de ma solitude. Je suis faille et je suis strate, archive rouge des tempêtes, mon cœur se fend, se dilate, volcan de chair, roche inquiète. L'eau salée ronge les falaises, trace des gorges dans le temps. Je suis canyon de mes malaises, cathédrale de mes tourments. Le métal saigne sous mes doigts, oxydation de mes blessures. Je vieillis comme vieillit le schiste : En feuillets de peaux qui murent. Didier Guy

Veilleur de l'abîme

  La sphère blanche suspend le temps Gravité pure, sans voix Les océans se lèvent vers elle Poussière retombée Le calcul s'est dissous Reste ce cercle parfait qui règne Marée obéissantes Tirées par un fil invisible l'eau connaît sa maîtresse La nuit se déploie comme un manteau Sous son regard argenté Les étoiles reculent, humbles Solitude lumineuse Accrochée au velours noir Aucun nombre ne peut la mesurer L'innombrable s'incline Les galaxies perdent leur nom Devant cette clarté sans question Le désir est devenu courbe Trajectoire infinie Qui ramène toujours au même point Orbite silencieuse Danse sans musique Où le vide lui-même s'agenouille Elle dicte sans parler Commande sans geste Le cosmos entier l'écoute Dans son cratère gris Dort l'origine du mouvement Le cœur froid du cycle Plus de questions, plus de chiffres Seulement cette présence ronde Qui fait tourner l'univers Didier Guy