lundi 28 avril 2025

Correspondances Abyssales

Une brise inconnue envahit la pénombre,
une plainte s'élève aux voûtes du ciel noir,
elle rompt les cachots, dissipe le décombre,
unit les cœurs  perdus aux confins du vouloir.

Nul rempart, nul visage aux contours séparés,
nulle foi qui divise en funestes bastions,
mais un feu dévorant, un oracle sacré,
un seul corps palpitant, une seule passion.

Les chairs s'entrelacent en funèbres caresses,
des sanglots se fondent en lugubre symphonie,
un tourment partagé, une même détresse,
un pont vers l'absolu qui jamais ne renie.

Que l'amour soit l'astre unique de nos nuits,
que l'âme se consume en sa froide clarté,
car sous le masque affreux des vulgaires ennuis,
c'est un même souffle aspirant l'éternité.

Didier Guy

dimanche 27 avril 2025

Silhouettes au jour

Dans la pâleur naissante d'un matin vulnérable,
les lueurs s'animent entre les branches innombrables,
caressant le givre qui pare chaque feuille
d'un voile cristallin que le regard recueille.

Tout vibre en silence dans la brume légère,
comme si le monde hésitait, près de se faire.
Le chant des ailés s'élèves vers les cieux,
portant le signe du retour mystérieux.

Les perles transparentes glissent et s'évadent,
comme autant de larmes que le temps persuade.
Leur course silencieuse trace un chemin furtif,
disparaissant aussitôt, tel un songe trop vif.

Puis-je saisir cette clarté qui m'appelle?
Cette lumière fragile, cette heure si belle?
Ou faut-il accepter sa nature transitoire,
ce souffle de vie qui s'inscrit dans l'histoire?

Mes mains tentent de capturer cet instant,
mais plus je m'approche, plus il se rend distant.
La beauté du monde ne se laisse emprisonner,
elle nous frôle à peine avant de s'envoler.

Le temps d'un battement d'ailes, d'un souffle bref,
voilà que déjà l'instant devient grief.
J'observe cette harmonie qui doucement s'efface,
pour rejoindre mes souvenirs que plus rien ne remplace.

Didier Guy

samedi 26 avril 2025

Vibrations dans la Pierre

La ville garde en ses murs de verre et d'acier
les voix innommables qui l'ont traversée,
comme une cavité spiralée retient
le bruit lointain d'une mer agitée.

Quand la foule se presse dans ses artères,
est-ce le présent qui hurle sa cadence,
ou le passé qui refuse de se taire,
prisonnier des façades en permanence?

Dans les ruelles où le jour s'est enfui,
les bruits s'estompent sous le manteau nocturne.
Restent alors, mystérieuses dans la nuit,
ces vibrations que l'asphalte taciturne

A conservées comme un précieux secret.
Que racontent ces rumeurs emprisonnées?
L'histoire d'un amour jadis discret?
Le cri d'une jeunesse abandonnée?

Quand le silence enfin prend possession
des avenues soudainement délaissées,
l'invisible devient comme une procession
de fantômes aux existences effacées.

Mais dans le calme, la ville nous révèle
que sous le vacarme et l'agitation,
persiste la trace, fragile mais réelle,
de chaque pas, de chaque respiration.

Didier Guy

vendredi 25 avril 2025

Correspondances Après l'Averse

Ces vasques que l'orage a semées sur l'asphalte
sont les miroirs cruels où l'âme se dénude,
le ciel s'y décompose en une longue chute
et chaque vérité dans leur sein fait défaut.

Je contemple, abîmé, mon spectre vacillant
que l'onde corrompue a réduit en fumée;
Mes yeux sont deux néants, gouffres d'obscurité,
ma bouche, un soupirail où le spleen s'engouffra.

L'arbre, ce faux témoin qui déforme le jour,
se drape dans l'orgueil d'un reflet glorieux,
tandis que mon image, en lambeaux corrodés,
s'enfonce lentement dans la fange du monde.

Un rayon transperce cette triste imposture,
révélant du décor l'envers plus véridique:
La soif du sol obscure qui dévore les preuves,
les oiseaux, ces bourreaux, emportant nos aveux.

Dans ces prétoires nus sous la voûte du temps,
chaque sentence est une mort anticipée,
on y condamne la splendeur à se flétrir,
les contours à sombrer dans le néant vorace.

Quand le soleil, ce juge aux sentence de feu,
dissipe ces fragments de glace réfléchie,
il ne reste qu'humide et stérile pensée,
et le vague tourment d'un songe évanoui.

Mais sous le noir pavé de nos rues citadines
dort le secret trésor de ces procès perdus;
La terre garde en elle nos visages noyés,
quand la ville, indifférente, a tout effacé.

Didier Guy 

jeudi 24 avril 2025

Crépuscule à l'envers

La nuit se déchire à l'est, lent suaire,
et le jour pointe ses doigts incertains
comme un voleur qui hésite à prendre
ce qui déjà lui glisse entre les mains.

La rosée, perles d'un collier fragile,
s'accroche aux herbes en frissons,
reflets brisés d'étoiles mortes
qui refusent de quitter le champs.

Nous guettons, avides de miracles,
cette lente agonie des ténèbres,
croyant y voir une naissance
alors que c'est le même sang

Chaque rayon est un mensonge doré,
chaque lueur une vielle blessure,
le ciel se pare de fards subtils
pour cacher ses rides bleutées.

L'horizon boit la lumière en cachette,
la digère en ombres allongées,
tandis que nous, éphémères stupides,
y cherchons des présages.

Regarde comme tout est identique :
Les arbres gardent leur posture de deuil,
les pierres leur indifférences millénaire,
seul change l'angle de la lumière.

Et pourtant, nous tendons les bras,
comme si cette aube-ci, enfin,
porterait autre chose que l'habituel
adieu déguisé en bonjour.

Didier Guy

Chute en Octobre

Elles tombent en spirales désarticulées,
feuilles-oracles aux veines desséchées,
chaque chute un poème sans ponctuation
que le vent déchiffre à l'envers.

Rougeoiement dernier, éclaboussure d'ambre,
elles crissent sous les pas indifférents,
froissures d'un été trop lourd à porter,
l'arbre les renie en silence.

Où vont-elles, ces éclats de rouille,
sinon au lit froid des ruisseaux noirs ?
Leur agonie a la douceur d'un leurre,
car personne ne compte les morts saisonnières.

Pourtant, regarde : ce tournoiement las
est un ballet de mémoire pure,
chaque vrille un adieu calculé,
chaque atterrissage un début.

Le sol les boit comme un vin aigre,
les transforme en phrases mudées.
L'hiver viendra, brodeur patient,
coudre de blanc ces cicatrices.

Demain, d'autres naîtront identiques,
vertes et sûres de leur printemps.
Aujourd'hui, laisser-les choir,
ces martyrs en papier doré,

Didier Guy

mardi 22 avril 2025

Mirages d'une averse

L'eau dort entre les pavés gris,
comme un songe à demi surpris,
peignant le ciel en mille éclats
de lumière qui se mêla.

La voûte au fond du lac frissonne,
sans qu'une brise la façonne,
et mon âme s'y reconnait
en ce miroir qui disparaît.

Est-ce mon visage ou sa fuite
dans cette image qui palpite ?
Est-ce mon cœur ou son tourment
sur l'asphalte, furtivement ?

Le vent passe en traînant son aile,
l'image fond, devient rebelle,
ne laissant qu'un trouble insensé,
un moi flou, presque effacé.

Didier Guy 

lundi 21 avril 2025

Langueur Mystique

L'aube grise s'étend, sans âme,
sur des mondes indifférents.
Le ciel n'est plus divine flamme
mais voile aux plis désespérants.

Ta voix qui chantait sur les cimes
s'est perdue au vent du matin.
Les chants jadis les plus sublimes
sont devenus souffle incertain.

Comme un vitrail que nul n'éclaire,
l'âme se vide lentement.
On marche sans but, solitaire,
dans l'infini désarmement.

L'espoir qui brillait comme une source
s'est tari dans un sable obscur.
L'amour a détourné sa course,
laissant brisé l'élan si pur.

Plus rien n'atteint le cœur malade
où le vide creuse ses trous.
La grâce n'est plus qu'une ballade
dont nous ignorons les remous.

Ces instant clairs, ces heures vives,
ne sont que spectres effacés.
Au fond de nos âmes plaintives,
le froid des longs hivers glacés.

"Il pleure en mon cœur"
"Comme il pleut sur la ville..."

Didier Guy

dimanche 20 avril 2025

L'église des vertiges

L'aube fracasse les vitraux d'une lumière obscène,
cathédrale éventrée où pourrissent les prières !
Les cloches ont des langues de bronze atrophiées
et leur voix métallique s'étrangle dans l'air athée.

La cire des faux martyrs dégouline en sueurs froides,
les saints de pierre bâillent sous leurs masques fendus.
Le Christ décharné pivote dans un rayon de poussière,
Messie abandonné que les nouveaux dieux ont mordu.

Ô temples désertés ! Squelettes d'éternité !
Les cantiques se sont noyés dans l'alcool du siècle,
Le miracle est tombé comme un fruit trop mûr
dans ce jardin d'asphalte où règnent les marchands.

Les tombeaux sont des coffres-forts sous les fleurs sauvages,
gardiens ironiques d'une sagesse évaporée.
La promesse céleste flotte comme un cadavre
sur les eaux troubles où nos âmes sont assoiffées.

Les arcs millénaires, géants d'un cirque défunt,
portent le poids ridicule de nos rituels fantômes.
Qui percera ce mur entre l'homme et l'absolu ?
Quand les clés ont fondu dans le creuset du doute ?

La grâce s'est enfuie comme un voleur de nuit,
l'extase n'est qu'un opium pour âmes délabrées.
Dans ce hangar à prières, au buffet des songes,
l'infini se marchande contre quelques sanglots.

Didier Guy

samedi 19 avril 2025

Des Ombres qui Dansent

Un soleil qui s'en va
Des ombres qui s'allongent
Pas un bruit
Juste des lignes noires qui bougent

Sans corps et sans voix
Elles font leur numéro
Le temps les regarde
Et oublie de passer

Sont-elles vraies ces ombres
Ou juste des taches de lumière
Peut-être qu'elles racontent
Une histoire sans mots

Entre le noir et la lumière
Elles dansent sur la corde
Comme nous tous
Ballottés entre deux mondes

Que font-elles quand personne ne regarde
Continuent-elles leur danse
Où disparaissent-elles
Comme un souvenir déjà oublié

Ces ombres sur les murs
Ce sont nos secrets jamais dits
Nos vieilles peurs
Nos désirs cachés dans un tiroir

Dans cette danse bizarre
Je me reconnais parfois
Cette ombre qui s'étire là-bas
C'est peut-être moi, allez savoir

Entre ce qu'on est et ce qu'on montre
Les ombres dessinent une vérité
Que le grand jour ferait s'enfuir
Une sagesse à mi-voix

Je regarde ces silhouettes
Comme on regarde un miroir brisé
Mi-jour, mi-nuit
Éternelle valse entre rire et désespoir

Didier Guy

vendredi 18 avril 2025

Illumination sur le Golgotha

Le ciel a replié son grand drapeau d'azur

sur la colline où vibre un arbre aux bras impurs.

Des monstres nuageux crèvent leurs flancs de pierre,

l'astre-roi fuit, saigné par l'horrible mystère.


L'histoire se disloque en un fracas de foudre !

La vie et la mort s'affrontent, leurs os vont se moudre.

Le supplicié, vaste, absorbe en ses plaies

les crimes des vivants, buveur d'éternité.


Sur le crâne du monde, balayé d'ouragans,

se tord la verticale d'un amour fulgurant.

Le sol se fend, voyant l'incroyable alchimie :

L'absolu s'agenouille aux pieds du temps qui plie !


Ses paumes trouées griffent l'horizon fou

comme pour l'arracher de ses milliers de clous.

Le cœur ralentit, mais chaque goutte versée

contient des univers que nul n'avait pensés.


Le fluide vermeil baptise la roche avide,

chaque perle cramoisie est un monde liquide.

Le firmament se brise sous un hurlement pur

qui déchire les siècles et leurs voûtes obscure !


Dans ce râle ultime qui fait trembler l'espace,

jaillit déjà l'éclair d'une nouvelle race.

Les spectateurs aveugles ne peuvent concevoir

que cette apocalypse est l'aube d'un espoir.


Didier Guy  

jeudi 17 avril 2025

L' Ère Digitale

Comme un fleuve gonflé par des pluies incessantes,
le numérique étend ses eaux envahissantes,
où nagent, se croisent, s'agitent sans repos
des visages de ceux qui prétendent aux trônes.
L'orangé d'un pouvoir, grotesque dans ses poses,
apparaît, disparaît sur l'écran en bourreaux.

Ces sphinx modernes, rois des temps technologiques,
déversent sans pudeur leurs paroles illogiques.
Les hommes, fascinés par ce flux infernal,
restent, les yeux rivés sur ce théâtre étrange,
où le même acteur, dans un horrible mélange,
répète son discours monotone et banal.

Ô peuple ! Vois-tu pas cette mer qui t'inonde,
cette vague d'images qui submerge ton monde ?
L'algorithme, tyran aux invisibles mains,
te nourrit de poison qu'il nomme vérité,
tandis que ton esprit, lentement enchaîné,
perd sa liberté sainte aux profits souverains.

Mais l'homme n'est pas né pour cette servitude !
Qu'il rompe ses liens, qu'il cherche solitude !
Qu'il retrouve la terre et ses profonds secrets !
Loin des écrans brûlants qui consument les âmes,
la nature attend, calme, éternelle flamme,
et la pensée libre, son plus noble bienfait.

Dans ce siècle où la machine étend son empire,
où le réel s'efface sous ce qu'on veut écrire,
sois ton propre gardien, conscience en éveil !
Le droit de refuser ce flot d'images vaines
est le dernier rempart contre ces phénomènes
qui font de nos esprits un inquiet sommeil.

Didier Guy

mercredi 16 avril 2025

L’Équation du Silence

Il faudrait des pages et des cris,
pour nommer ce qui n'a pas de nom.
Mais les mots sont déjà partis,
et les livres ferment leurs ponts.

Les coupables ont des costumes,
des cravates, des agendas pleins.
On serre des mains, on compte les sommes,
et l'on enterre les chagrins.

Un enfant pleure quelque part,
mais personne ne lève les yeux.
On parle de paix, de hasard,
de lendemains bien plus pieux.

Les cartes sont des labyrinthes,
où se perdent les vérités.
On y marque d'un trait discret
les villes qu'on a oubliées.

Les horloges tournent à l'envers,
les montres sont toutes faussées.
Le temps n'est qu'un jeu de lumière,
une absence qu'on a balayée.

Et quand vient l'heure des comptes,
quand les murs gardent leur secret,
on s'aperçoit que le monde
a depuis longtemps détourné les yeux.

Didier Guy

mardi 15 avril 2025

Les Verrières du Matin

Un récipient tiède, orphelin sur la table,
l'arôme voltige, hébété, comme un spectre sans crypte,
et déjà, la peau d'un autre,
frôle les spirales de l'instant
avec la brutalité douce d'un orage sous verre.

Le dehors s'ébrouait en fariboles sonores,
eux, des torches scellées dans le silence,
leurs prunelles : tunnels de braise,
des mines où les certitudes
se fissuraient sans tambour.

Elle, bouche arquée d'un mot jamais dit,
lui, naufrageant son breuvage
le sucre échappé, comme un sablier d'oubli,
tandis que son esprit s'empalait
sur l'arche clandestine d'une lèvre non conquise.

Pas de nom. Pas d'âge.
Pas de litanie partagée,
seulement cette morsure blanche
du cela qui ne s'écrit pas
et griffe pourtant la pulpe du cœur.

Ils s'extirpèrent du lieu
comme deux âmes échappées d'une fêlure,
le souffle marqué
par un geste avorté
qu'aucune horloge ne rattrape.

Et la grande mécanique,
cet animal aux rouages d'acier,
continuait son cirque,
ignorant que l'univers avait flanché
sous un doigt de feu,
dans l'oubli d'un matin.

Didier Guy

lundi 14 avril 2025

Les Ponts Aériens

Entre l'abîme obscure et l'azur qui se meurt,

des fils d'argent maudits, pâles et sans demeure,

tordent leur grâce vaine en un frêle combat,

comme un soupir de vierge égaré sous les draps.


Ô ces arches de deuil, ces invisibles chaînes !

elles portent en elles, comme un sanglot qui traîne,

l'âpre parfum des lys nés sous des cieux lointains,

défis muet au vent, aux moqueurs éteints.


Leur force est dans leur chute, et leur gloire est d'être

un vertige savant, un désir de renaître.

Ni tout à fait chair, ni tout à fait esprit,

ils boivent l'infini et pourrissent debout.


Que disent-ils, ces fils, ces pleureuses chimères ?

Que tout attachement, fût-il né de misères,

est un temple croulant où l'homme, roi déchu,

baise l'espoir, miroir terni, mais jamais vu.


Didier Guy


dimanche 13 avril 2025

Le Poids du Silence

Le silence tombe, lourd comme une pierre,
un souffle suspendu, impossible à saisir.
Il vibre en secret, une onde solitaire,
qui creuse les âmes sans jamais mentir.

Sur la surface nue, il trace ses lignes,
des contours invisibles, des signes indignes.
Chaque battement cache un mot oublié,
un secret profond, trop longtemps enfoui.

Le poids invisible oppresse les cœurs,
qui se taisent encore sous leurs malheurs.
Mais dans cette immobilité figée,
se révèle une vérité ignorée.

Car le silence n'est pas vide ni mord,
mais une voix qui chuchote au dedans fort.
Il murmure des vérités qu'on refuse,
mais qui guident vers la lumière confuse.

Didier Guy

samedi 12 avril 2025

Dans le dédale des ombres

Sous les cieux muets, un chemin s'élève,
tracé par des mains que nul ne relève.
Les murs sans contour serrent l'horizon,
où chaque pas semble une trahison.

Les idées flottent, oiseaux sans repos,
se heurtant aux parois de nos maux.
Dans ce dédale obscure, le temps s'étire,
comme une eau stagnante qui aspire.

Et pourtant, dans l'errance se dessine
une lumière faible, presque enfantine.
Elle murmure à l'âme égarée :
"Cesse de chercher, sois simplement là."

Les détours infinis deviennent clairs,
non pas pièges, mais ponts vers les airs.
Car dans l'acceptation du vide immense,
naît une vérité, douce et intense.

Didier Guy

vendredi 11 avril 2025

Mirages conscients

Dans l'ombre des pages tournées lentement,

je vois naître des mondes qui n'existent pas,

pourtant ils saignent, ils pleurent, ils mentent

comme si l'encre avait forgé des cœurs battants.


Les chimères dansent sous mes paupières closes,

fantômes de papier qui forgent ma vision,

du réel qui s'efface quand la fiction s'impose,

et grave dans ma chair sa douce obsession.


Ces fragments d'âmes que j'emprunte aux récits

deviennent miens dans un étrange transfert,

la frontière s'estompe, mes larmes sont vraies

pour des couleurs composées de mots seuls.


Je m'approprie les destins des ombres,

leurs émotions sculptent mon regard,

leur absence me hante, profonde et sombre,

quand je retourne au monde fatigué du soir.


Ces histoires inventées sont mes lentilles,

à travers elles, le monde change de teinte.


Didier Guy

jeudi 10 avril 2025

Le Chant de l'Oubli

Il y a dans l'air un murmure évanescent,
un souffle perdu, comme l'aile du vent,
qu'est ce qui a brisé le fil frêle,
de mon harmonie, jadis si belle ?

Elle était une rivière aux mille reflets,
comme les fleurs qui, en silence, se taisent,
chaque note, une caresse, un doux frisson,
chaque vers, l'échos d'une ancienne passion.

Mais voilà que tout s'efface doucement,
un parfum de rose, fané par le temps,
mon chant intime, vacillant et fragile,
comme l'oiseau quittant l'ombre du sillage.

Était-ce toi qui l'aimais tant, si fort ?
Aujourd'hui, elle t'appelle encore,
pourtant, tu ne tends plus l'oreille,
ni sourire, ni étreinte pareille.

Elle évoquait des ciels au bleu tendre,
l'ivresse des rires, des prières à entendre,
elle s'adoucissait à l'ombre des ans,
comme un enfant qui cède au sommeil apaisant.

Il y a quelque chose qui a fui en secret,
comme la brise à la fin d'un été,
mon chant, abandonné, défait,
s'éteint dans ton cœur sans caresse donnée.

Autrefois, elle régnait sans partage,
scandant nos rires, nos doux voyages,
mais le temps cruel l'a emportée,
et toi, tu as cessé de l'écouter.

Maintenant, elle pleure en silence,
un souvenir, une romance en errance,
une mélodie éteinte, sans éclat,
comme un rêve auquel on ne croit plus, là-bas.

Alors je m'interroge, cherche et vacille,
qu'est ce qui a courbé son aile fragile ?
Mon chant, effacé comme un charme ancien,
aussi, s'est-il perdu dans l'oubli du lien.

Didier Guy

mardi 8 avril 2025

Fragile Atlas

Je fus l'ovale parfait, lisse et clos,
avant qu'un talon ne rompe mon dos.
Craquant net sous la marche incertaine,
j'éclate en étoiles de porcelaine.

Ils dansent, ces pieds nus de confiance,
ignorant ma blanche résistance.
Le renard rôde, son rire est prompt
moi, je ne suis qu'un bruit qui ment.

Chaque éclat devient une larme sèche,
collant aux chairs, poisseuse flèche.
Le miroir, là-haut, voit tout en coin :
Mon destin n'était que plâtre et loin.

La ronde s'achève en poussière fine,
balayée d'un geste qui devine.
Le piège ? Il gît dans ma blancheur,
fragile atlas d'une chaleur.

Didier Guy

lundi 7 avril 2025

La ronde du Temps

L'automne craque sous les pas,

feuilles rouges, dernier brasier.

L'hiver suit, loup blanc et sournois,

glissant ses griffes dans les bois.


Le printemps rit en jeune fille,

couronnée de perce-neige fragiles.

L'été, géant aux mains de miel,

écrase les jours sous son soleil.


Tourne, saison, danse sans fin,

comme un disque de destin.

Le temps n'est qu'un éternel retour,

où chaque fin est un amour.


Didier Guy

dimanche 6 avril 2025

Les Sentinelles de l'Aube

Le temps s’arrête
dans les steppes sans fin
où règne en maître
un pouvoir souverain.

Trois siècles durant
le trône et ses ors
ont dicté, constants,
le seul droit du plus fort.

Puis vint l'étoile rouge
promesse illusoire
qui masquait la poigne
d'une même histoire.

Les mots sont traqués
les pensées poursuivies
les âmes marquées
les vérités bannies.

L'état voit tout
entend chaque soupir
sait tout de vous
de vos moindres désirs.

Mais dans l'obscurité
des cellules grises
des flammes ont brillé
que nul ne maîtrise.

Journalistes muselés
militant emprisonnés
citoyens surveillés
mais jamais résignés.

L'espoir se propage
malgré les barrières
tel un cri sauvage
qui franchit frontières.

Le monde observe
condamne et presse
mais souvent réserve
ses actes face aux excès.

Les routes sont longues
vers la liberté
mais les âmes fortes
ne peuvent s'arrêter.

Entre hier et demain
La Russie se cherche
et tend sa main
vers l'aube qui s'approche.

Didier Guy


samedi 5 avril 2025

Chanson des Blés

L'aube caresse les épis blonds,
sous ses doigts, le champ frissonne.
Le ruisseau, langue argentée,
glisse des mots oubliés.

La terre est une table ronde,
où le pain pousse à la ronde.
Le vent y sème ses secrets,
comme un semeur ses souhait.

Ici, le temps prend son repos,
et le soleil, roi des plateaux,
dore les fronts et les sillons,
offrant aux cœurs leur moisson.

Didier Guy 

vendredi 4 avril 2025

Le Refuge des Mots

Quand le monde se fait roche acérée,
la poésie est un jardin secret.
Les lettres y poussent, fleurs de lumière,
dont le parfum apaise les cœurs lourds.

L'amour y danse, flamme vive,
plus brillante qu'un soleil levant.
L'espoir, oiseau aux ailes fragiles,
y construit son nid entre les lignes.

La mélancolie, brume légère,
se dissout dans l'encre profonde.
Chaque vers est une fenêtre ouverte,
où le passé et le futur se rencontrent.

Je m'y perds, feuille emportée,
mais toujours retrouve mon chemin.
Car les mots, doux comme une caresse,
guident mes pas vers l'invisible.

Didier Guy

jeudi 3 avril 2025

Symphonie de Béton

La rue crache ses lumières folles,
ses néons saignent sur les épaules.
Les immeubles, cages de verre,
piègent des vies dans leur serre.

Chaque pas est un mot pressé,
chaque regard, un cri glacé.
La ville bat comme un cœur las,
rythmé par le souffle des métros.

Est-ce un monstre ou une mère ?
Elle dévore et désaltère.
Son âme est un puzzle éclaté,
où chacun cherche sa clarté.

Didier Guy 

mardi 1 avril 2025

La Danse des Dupes

Méfiez-vous des mots trop lisses,
ce matin, tout est artifice.
Un regard louche, un air trop sage,
et soudain le piège se déploie, large.

Les crédules marchent sur des coquilles d’œuf,
leurs pas hésitants, leurs cœurs en feu.
Le farceur, lui, est un renard blond,
qui danse entre les fils du mensonge.

L'absurde est un miroir sans tain,
où l'on se perd, où l'on se peint.
Les éclats de joie sont des flèches vives,
transperçant les âmes trop naïves.

Ce jour est une ronde sans fin,
où l'on trébuche, où l'on rit sans frein.
Le monde bascule, léger, vainqueur,
et le cœur s'allège, même trompeur.

Didier Guy 

L' Encre Vive

L'encre coule, rouge et vive, sur la page, elle s'étale, une vie naît, fugitive, sous la main qui la révèle. Le poète, tel un créate...