samedi 31 mai 2025

Rouge Suspendu

Le feu s'allume, coule dans l'air,
teintant l'asphalte et les regards.
Un instant, tout semble se taire,
le monde retient son écart.

La lumière, lourde, s'étire,
glisse sur les vitres, les mains.
On croit voir l'heure déchirée,
avant que tout ne reprenne son train.

Didier Guy

vendredi 30 mai 2025

Le mot de passe céleste

Le cosmos rigole dans sa robe d'azur,
ses étoiles clignotent comme des yeux farceurs.
La nuit, complice, lui glisse des secrets obscurs,
codes chiffrés d'un univers moqueur.

Quelle blague cosmique dans cette immensité ?
Les planètes dansent un ballets déjanté,
Saturne fait tourner ses anneaux de gaieté,
pendant que la lune sourit, amusée.

L'absurde règne en maître dans ce théâtre noir,
chaque constellation raconte une histoire.
Le cosmos connaît-il la chute de son espoir ?
Ou rit-il simplement de notre dérisoire ?

Didier Guy

jeudi 29 mai 2025

Reflet d'un instant

La flaque s'étale sous le ciel gris,
un miroir d'or où danse la lumière,
elle capture un fragment de mystère,
un souvenir que le temps a saisi.

L'or brille, fuit, s'évapore en l'air,
comme un trésor que l'on ne peut saisir.
Un clin d’œil du passé vient nous saisir,
puis s'envole, léger et passager.

Le vent souffle doucement, la flaque frémit,
les reflets dansent, l'instant palpite,
le ciel se voile, l'or ternit.

Mais dans nos cœur, l'image persiste,
un éclat d'or, un rêve qui résiste,
un souvenir que le temps n'a pas pris.

Didier Guy

mercredi 28 mai 2025

Le souffle de la terre nue

L'humus s'ouvre, vaste matrice,
un monde enfoui prend son départ.
Les racines tracent une épice
de vie lente sous le regard.

Le sol palpite, presque vivant,
son haleine monte en volutes,
il garde un feu, discret, mouvant,
dans sa gangue lourde et sans joutes.

Chaque grain contient une attente,
le poids d'un cycle à recommencer.
Rien ne ment dans cette substance lente,
tout s'élève sans se presser.

La brume effleure la litière,
comme un soupir ancien et froid.
Et le silence devient matière,
quand la forêt reprend ses droits.

Didier Guy

mardi 27 mai 2025

Le Pavé Insurgé

Sous les pas, ils grondent,
ces éclats de rue qui refusent l'oubli.
Leur peau de granit se soulève,
portant des chants que les murs ont retenus.

Ils dansent sans musique,
leur colère est une semence.
Chaque craquelure raconte
l'heure où le silence a tremblé.

Le ciel se penche, étonné :
Qui a donné voix aux pierres ?
Leur réponse fuse, nette,
un éclats de rire contre le béton.

Didier Guy

lundi 26 mai 2025

Symphonie en pourpre

Le silence était lourd, couleur de vin vieux,
une absence qui pesait, sans cri, sans adieux.
La mélancolie, teintée de pourpre sombre,
glissait entre les murs comme une ombre.

Pas de notes pour clore ce chant perdu,
seule l'amertume, en sourdine, a vaincu.
La symphonie reste, à jamais suspendue,
dans ce crépuscule où tout s'est tu.

Didier Guy

dimanche 25 mai 2025

Fenêtre qui veille

Nuit d'encre où la ville se tait,
une vitre s'allume et puis sourit.
Dans le froid, un destin apparaît,
loin du monde, un refuge est bâti.

Cette étoile urbaine, douce et pure,
traverse l'obscurité si vaste.
Un signal ténu qui perdure,
promesse calme que rien ne dévaste.

Didier Guy

Divin Pari Risqué

Le ciel est une table aux cartes étalées,
où le joueur suprême, avec un air pensif,
mélange les passés, les chances envolées,
un sourire lointain, un regard évasif.

Mes peines sont des jetons, légers, sans vraie valeur,
lancés sur le tapis d'un destin incertain.
Chaque souffle une mise, chaque angoisse une erreur,
attendant le verdict d'un geste souverain.

L'univers se retient, un instant sans clarté,
avant que le hasard ne révèle son jeu.
Et moi, simple mortel, je fixe l'obscurité,
cherchant un sens secret au silence de Dieu.

Didier Guy

vendredi 23 mai 2025

Le stylo ivre

Le stylo buvait mon encre,
gorgée lente, un poison noir.
Chaque mot tracé s'alourdit,
comme un pas dans un couloir.

La page, soif intarissable,
aspire les pleurs d'acier.
Je ne sais plus quel fable
écrit ce sang graphité.

L'oubli coule entre les lignes,
ronge les contours du sens.
Le temps, lui, se résigne
à sécher ce qui ne ment.

Didier Guy

jeudi 22 mai 2025

Sous la peau du silence

La pluie court sur l'écorce, à pas lents,
ses doigts mouillés froissent le matin.
Un soupir tremble au creux du vent,
offert au sol comme un parchemin.

Le ciel s'effiloche dans les ramées,
chaque goutte enserre un battement.
Le tronc respire, blessure fermée,
portant la trace du dénouement.

Rien ne parle, tout écoute en secret :
Les pierres boivent, les racines s'étirent.
Un ver germe sous la mousse discrète,
et la sylve reprend son empire.

Didier Guy

mercredi 21 mai 2025

Les pierres ont des souvenirs rouges

Dans les veines du mur palpite une saison,

une plainte figée, gravée sans pardon.

Chaque brique enferme un serment brisé,

rouge séché, durci, dans l'ombre posée.


Ils n'avaient que leurs poings pour vérité,

des cris rugueux à la place d'un traité.

Des corps sans nom, fauchés sans égard,

offerts au béton comme de vains étendards.


Les balles s'enfonçaient sans remords,

et la poussière, complice, scellait le sort.

Le silence s'est bâti sur leurs torses,

mais le ciment saigne encore sous la force.


Didier Guy


 

mardi 20 mai 2025

Le Temps Dérobé

Dans le vide des nuits où s'allongent les ombres,
ton absence devient un voleur de repos.
Elles prend possession des instants les plus sombres,
et laisse son empreinte au cœur de mes sanglots.

Un pacte non signé entre l'aube et mes rêves
où ta silhouette fuit avant que je m'éveille.
Le silence s'installe comme une longue trêve
dont personne ne sait quand viendra la fin pareille.

Chaque souffle contient l'espoir de ton retour,
mais l'attente se tord, s'étire et se consume.
Dans ce prêt sans échéance ni clause d'amour,
mon âme perd ses droits et doucement s'enrhume.

Les heures s'approprient l'espace de mon corps
tandis que ton fantôme me hante sans remords.

Didier Guy

lundi 19 mai 2025

Le Codex qui s'assoupit

La couverture se soulève une dernière fois,
paupière lourde de phrases trop lues,
les mots, fatigués, glissent vers l'entre-deux,
où le sens  s'efface en plis de velours.

Le dos s'incurve contre l'étagère,
comme un dormeur contre l'épaule du temps.
Plus de murmures entre les lignes,
seules la poussière danse dans la lumière.

Même le titre s'est estompé,
lettres mangées par la soif du noir.
On devine encore un "A" ou un "R",
fantômes d'une histoire qui refuse de partir.

Didier Guy

dimanche 18 mai 2025

Marche de l'oublié

Sous la lumière d'un feu hésitant,
il fend l'instant comme on fend l'averse,
sans regard, sans hâte, sans détour,
pieds nus sur l'asphalte, roi sans cour.

Le monde attend, freine, s'impatiente,
mais lui poursuit, figure absente.
Le rouge clignote, l'ordre s'efface,
et l'homme, droit, traverse l'espace.

Ses guenilles dessinent le vent,
chaque pas déchire le présent.
Il ne salue ni l'un ni l'autre,
mais son ombre frôle la vôtre.

Pas d'adresses, pas de destin,
il marche, rien de plus humain.

Didier Guy

samedi 17 mai 2025

Le Sommeil des Batraciens

Dans le silence blanc de janvier
la mare est devenue prison
où les grenouilles, prisonnières,
attendent la fin des glaçons.

Cristalline, la surface brille
sous un soleil pâle et distant.
Le gel compose et s'éparpille
en arabesques sur l'étang.

L'eau solidifiée emprisonne
les secrets du monde d'en bas.
La nature entière s'abandonne
au repos, ne bouge pas.

Sous cette dentelle glaciale,
la vie suspendue patiente.
La beauté des courbes fractales
cache une attente vigilante.

Didier Guy

Les Barricades de l'Aube

Les rues s'éveillent aux cri des affamés,
des pierres arrachées naissent les montagnes,
quand le peuple, uni sous l'orage, s'est armé
de courage, de rage et d'espoir qui gagne.

Le pain qui brûle annonce les temps nouveaux,
les drapeaux flottent au vent des possibles.
Les voix s'unissent, devenant flots puissants,
résonnant contre les murs impassibles.

La ville transformée par les mains calleuses,
garde en son sein l'étincelle de justice.
Dans l'aurore sanglante, les foules anxieuses
attendent que l'histoire enfin s'accomplisse.

Le fracas des âmes qui ne ploient plus
se mêle au parfum du pain quotidien.
Dans la fournaise des corps résolus,
se forge l'avenir, s'inscrit le demain.

La colère gronde dans les rues défaites,
mais l'espoir se dresse plus fort que jamais.
Les pavés témoignent de l'ultime quête:
Liberté conquise, droits enfin scellés.

Didier Guy

jeudi 15 mai 2025

Le Parfum du Vide

Dans les coins de la chambre où le temps s'est figé,  
ton absence s'étale, présence paradoxale.  
Les souvenirs vibrent comme des notes suspendues,  
où le jasmin fané distille son arôme ténu.

Je respire l'invisible, cette densité du manque,  
les particules d'hier flottent dans l'air immobile.  
Les draps conservent l'empreinte de nos matins,  
quand l'aube dessinait nos silhouettes enlacées.

Les fleurs mortes me parlent encore de toi,  
leur blancheur vieillie raconte notre histoire.  
Je cherche dans ce néant la trace de ta voix,  
tandis que le désœuvrement coule dans mes veines.

Le vide, ce plein paradoxal, m'habite désormais,  
je caresse l'absence comme on touche un spectre.

Didier Guy

mercredi 14 mai 2025

La Mémoire Silencieuse

La cicatrice sur sa peau parle un langage
que les doigts comprennent mieux que les yeux.
Sous la lumière, elle dessine un sillage,
une ligne qui raconte sans aveux.

Cette marque, souvenir d'une bataille,
n'est pas défaite mais victoire inscrite.
Quand ses doigts glissent sur cette entaille,
son sourire traduit ce manuscrit.

Cette trace porte un récit sans son,
comme un poème gravé dans la chair.
La peau garde mémoire de la leçon,
un relief plus profond que le temps clair.

Didier Guy

mardi 13 mai 2025

Nuit blanche lunaire

Dans la chambre close, à 3h07,

L'astre pâle s'étrangle d'ombre

Derrière les lames des volets.

Le temps suspend ses battements

Quand la nuit avale ses complaintes.

lundi 12 mai 2025

Tweet du Ciel

L’écran infini s’allume en clignotant,  
un hashtag sacré surgit dans le néant.  
#DésoléPasDésolé, Dieu scroll en silence,  
mes péchés en thread, ma vie en performance.  

Les anges en réac ajoutent des cœurs bleus,  
Saint Pierre en GIF me dit : « Peux mieux faire. »  
J’upload un aveu, filtre sépia,  
l’algo divin répond : « Pas assez fervent. »  

Je mets en pause ma vie, buffering évident.  
Le cloud céleste charge un pardon en kit,  
Dieu like enfin… mais sans commentaire.  

Didier Guy

Le Chant du Ticket

Un rectangle froissé, bleu et fatigué,

se souvient des doigts qui l’ont serré.

Il fredonne un air sans paroles,

comme un oiseau pris dans les écoles.


Sa mélodie, fine et têtue,

traverse le temps qui s’est tu.

"Adieu" sonne en clé de silence,

preuve d’un départ ou d’une absence.


Didier Guy

samedi 10 mai 2025

La Carte des Fièvres

Le soleil couchant fond comme cire,
sur deux peaux qui se souviennent
d'un alphabet et gestes anciens,
traduit en silence, feuille à feuille.

Leurs souffles nouent l'air tiède,
inventant des langues sans grammaire.
Chaque touche est un pacte signé,
sous les paupières des constellations.

Rien n'est perdu, tout brûle encore :
L'ombre avance, mais lentement,
comme si la nuit craignait
d'éteindre ce qui déjà la défie.

Le temps s'égare au bord des lèvres,
où se répète sans fin un seul mot.
L'aube viendra, mais pour l'instant,
ils sont l'heure que rien ne décompte.

Didier Guy

vendredi 9 mai 2025

Nuit renversée sur l'eau figée

Le ciel s'incline, penché sur l'eau dormante,
ses clous d'argent s'y glissent sans un bruit.
Chaque lueur se fige, lente, hésitante,
dans ce miroir qu'un souffle aurait détruit.

Les roseaux noirs veillent sans un frisson,
leur ombre plane, droite, irréelle.
L'espace entier s'y confond à foison,
oubliant sa forme originelle.

L'étang devient un gouffre inversé,
où le silence pèse plus que l'air.
Rien ne vit, rien ne veut traverser
ce calme en équilibre précaire.

Didier Guy

jeudi 8 mai 2025

L'insoumise

L'encre s'élance, griffes ouvertes,
sur la page au souffle brisé.
Chaque trait, une plainte alerte,
un cri que nul n'a censuré.

Le papier, jadis esclave docile,
se cambre, lutte, se fait rebelle.
Il refuse d'être profil
pour un pensée conventionnelle.

Plus de lignes droites, plus de marges,
la page éclate en gerbes noires.
Ce n'est pas un poème, c'est un orage,
une mémoire contre l'ivoire.

À chaque mot, une clameur,
un combat dans l'enclos d'un cahier.
l'écriture n'est plus douceur,
mais tempête à main levée.

Ce qui fond dans la lumière

Un souffle chaud sur une tasse froide,

et ton absence au bord du jour.

Le ciel s'efface, couleur pâle,

rien que l'ombre d'un ancien détour.


L'air semble lourd de ce qui pèse,

une phrase presque commencée.

Le silence glisse, il apaise,

mais ne parvient pas à m'effacer.


Tes lèvres, souvenir qui vacille,

effleurent encore mes matins lents,

comme un soupir sur l'argile,

avant que tout redevienne blanc.


Didier Guy 

lundi 5 mai 2025

L'aube en éclats

Tes lèvres sont un souffle qui se dérobe,
un frisson d'eau troublant l'horizon vide.
L'aube perce la nuit comme une robe,
mais ton silence est ce qui me guide.

Le jour naissant déchire les ombres,
et pourtant, rien ne peut te retenir.
Un instant pris dans les limbes sombres,
où tout s'efface sans avenir.

Didier Guy

Glasilabes

Des empreintes s'effilent en consonnes gelées
L'hiver mord nos noms sur ses lèvres salées
Je ramasse les débris de tes rires anciens
Le vent les polit en galets syldaves

La nuit coud nos ombres avec du fil blanc
Chaque point de suture est un infini lent
J'invente une langue où "nous" se décline
Au futur antérieur, mode orphelin

Les miroirs boivent nos reflets perdus
Leurs gorges profondes gardent nos vertus
Un ange de verre compte nos fautes
Son aile se brise en virgules hautes

Je déchiffre l'heure au cadran des morts
Les aiguilles mangent nos corps sans remords
ta voix n'est plus qu'un sillon de brume
Où germe l'absence en fleurs de rhum

Le temps est un livre mal relié
Où chaque chapitre fond sous mes pieds
Je cherche ton ombre entre deux phrases
Mais la neige a mangé toutes les cases

Il ne reste qu'un point final
Un astre éteint sur un banc de métal
Le givre écrit ce que je n'ose dire
L'adieu était déjà dans le premier soupir

Didier Guy


dimanche 4 mai 2025

Aurore Fantôme

Elle arrive avec ses doigts pâles,
cette voleuse de ténèbres,
distribuant des médailles
en métal trop léger.

Nous tendons nos mains creuses
pour y puiser de la certitude,
mais ses rayons sont des leurres,
miel dilué dans l'étendue.

Chaque matin recommence
le même marché douteux:
Elle prend nos nuits immenses,
donne en retour des lambeaux bleus.

Et nous signons sans lire
ce contrat érodé,
croyant y voir luire
l'éternité.

Didier Guy

jeudi 1 mai 2025

Mirage du Désert

Sur les toiles brûlées du désert lointain,
chevauche un souvenir aux contours incertains.
Ces récits venus d'ailleurs, ces mythes déformés,
où les héros sans nom n'ont jamais pardonné.

Sous un soleil cruel qui dévore les plaines,
la poussière et le sang s'entremêlent sans peine.
Les regards se défient, le temps suspend son vol,
tandis qu'un homme attend, fusil contre son col.

Des terres de soleil aux saloons désertés,
un art nouveau surgit, brutal, désenvoûté.
Vision d'un autre monde aux couleurs délavées,
où le bien et le mal sont à jamais mêlés.

Fantômes du passé sur pellicule ancienne,
vestiges d'une époque à jamais incertaine.

Didier Guy

L' Encre Vive

L'encre coule, rouge et vive, sur la page, elle s'étale, une vie naît, fugitive, sous la main qui la révèle. Le poète, tel un créate...